L'ANNIVERSAIRE DE FRANÇOIS

 

du même roux que sa chevelure. Même ses lunettes à montures ajoutent un petit je-ne-sais-quoi de mystérieux à son regard. Ses yeux presque trop verts... et ses lèvres!

      Stéphane est le premier à reprendre possession de ses moyens. Il avale péniblement sa salive alors que je suis tou-jours envoûté, suivant les moindres gestes de l’inconnue jusqu’au bar où elle s’installe, seule. Je crois vaguement l’avoir déjà vue quelque part. Mais où? Je me souviendrais, sans l’ombre d’un doute, d’une telle créature! Après à peine trente secondes d’intense contemplation, je me l’imagine déjà sans cette robe, ne portant que ses chaussures meur-trières, ses bas de soie et ses verres. J’en ai des tiraillements gênants entre les jambes que ma culpabilité insidieuse n’ar-rive pas à calmer. Je me force à penser à "ma chérie".

      Je tente d’imposer à mon esprit l’image de celle que je trouve adorable même au lever, quand son visage est bouffi de sommeil. Celle que j’aime trouver écrasée devant la télé quand je rentre à la maison, trempée de sueur après une séance d’aérobie ou énervée au volant de la voiture... Je ne lui ai jamais été infidèle, sauf peut-être — et, alors, très rarement — quelques innocentes fois, comme celle-ci, où je permets à mon esprit de divaguer devant une jeune beauté. Quel homme peut nier avoir de tels fantasmes?

      Stéphane doit avoir des pensées aussi perverses que les miennes (sans la culpabilité, toutefois) car il approche sa chaise de la table en murmurant:

      trait.gif (825 octets) Ça ne devrait pas être permis... Pfff! Je sais que tu es amoureux, mais qu’est-ce que tu ferais si une telle femme te voulait, "toi"?
      trait.gif (825 octets) Oh! je ne sais pas...

      J’avale péniblement.

      trait.gif (825 octets) De toute façon, je ne suis sûrement pas son genre, et en plus...

     

5

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